C3 CULTURE SCIENTIFIQUE ET TECNH

CULTURE SCIENTIFIQUE, TECHNIQUE, ET INDUSTRIELLE

 COLLOQUE CSTI

(sociologues, responsables syndicaux -ECE-FO- et d’entreprises)

 

1) PRÉAMBULE

 

Michel Crozier, sociologue, met tout de suite en garde de ne jamais dissocier, dans nos réflexions, « culture scientifique, technique et industrielle » et « culture humaniste. Pour beaucoup, cet avertissement pourrait paraître comme un rappel superflu si M.Crozier ne nous invitait, par ces quelques mots, à placer, en fait, ces deux cultures dans la perspective d’une nouvelle relation d’interdépendance.

 

  1. a) Il souligne d’abord que dans la société « post-industrielle « dans laquelle nous entrons, comme dans celle qui l’a précédé, la logique de la rationalisation, de la « bonne » gestion reste bien sûr indispensable. Mais, désormais, elle n’est plus le principal instrument de son développement. Lorsque le couple « hautes technologies-services » prend une importance croissante par rapport au couple « « consommation de masse-production de masse », le moteur du développement devient l’Innovation, sous toutes ses formes, dures et douces, notamment l’Innovation dans l’apprentissage de rapports humains nouveaux.

 

Dans cette perspective, c’est la ressource humaine qui devient, selon les terme de M.Crozier, la ressources rare ; ce sont les capacités d’imagination, de décision, de coopération qui font la différence tant recherchée par les stratèges.

L’innovation est alors moins affaire de connaissances et de compétences, que de relations interpersonnelles, transversales aux organisations, donc de capacité à élaborer, ainsi, des combinaisons nouvelles d’éléments souvent connus. Ceci est vrai tout au long de la chaîne complexe des fécondations croisées possibles entre tous les acteurs du développement, depuis les chercheurs théoriciens jusqu’aux utilisateurs potentiels qui doivent faire l’apprentissage de produits et services qu’ils ne pouvaient pas même imaginer.

 

Comprendre la dimension humaine du développement, aussi scientifique, technique et industriel soit-il, et en tirer les conséquences, comprendre que l’intelligence utile n’est plus dans les procédures ou les structures figées, mais dans la pensée mouvante des hommes, la plus capable de répondre à la complexité, comprendre que ces procédures et structures doivent se mettre au service des échanges et des flux d’informations et non l’inverse, tel est le changement profond auquel nous sommes conviés.

 

La primauté du modèle déductif et déterministe est terminée ; place au modèle inductif.

 

  1. b) Mais, ajoute Michel Crozier, la culture humaine doit elle-même évoluer.

D’abord tournée vers les grandes questions existentielles comme la primauté absolue de l’individu enrichie ensuite de la prise en compte, sociale, des groupes humains en tant que tels, elle doit aujourd’hui, en s’appuyant sur les sciences de la nature, intégrer la dimension systémique des rapports humains, avec leurs très importants degrés de liberté individuelle. Le respect de la personne doit s’exercer non seulement par référence à une morale (déterministe), mais aussi dans la relation vécue, directe ou indirecte que l’on entretient avec elle. La valeur de tolérance, dont se targue notre Société, doit être complétée d’une valeur d’écoute de la personne. Le devoir de connaissance, avec ses contraintes vraies ou fausses, devient un devoir moral, une valeur fondamentale de l’humanisme nouveau. La conquête de la confiance, sans cesse à remettre en cause, doit remplacer la routine de la méfiance bureaucratique.

 

Dans ce nouveau paysage post-industriel dans lequel la ressource humaine doit être cultivée, motivée, mobilisée, la culture d’entreprise prend une importance nouvelle. Les projets d’entreprise doivent donner la plus grande place à des valeurs, non à des valeurs imposées, guère mobilisatrice, mais à des valeurs partagées dont l’entreprise doit créer les conditions d’émergence au plan individuel comme au plan collectif. Récompense: libération des initiatives, ouverture des jeux d’échanges, révèlent vite des richesses non encore révélées, tant de la culture de l’entreprise que de ses potentialités techniques.

 

On retrouve au passage les valeurs sur lesquelles sont fondées les concepts du « Management des Ressources technologiques » …

 

Ainsi, culture scientifique, technique et industrielle d’une part, culture humaniste d’autre part, partagent-elles des valeurs communes, valeur de la connaissance qui ne peut-être fondée sur la simple autorité, principe de réalité qui reconnaît la primauté des faits et de l’expérience, individuelle et collective. Une équipe de recherche, si elle est efficace, en est l’illustration.

 

Une conséquence en est le rôle et les statut des sciences sociales dont les progrès doivent être proches de ceux des sciences du vivant. Toutes impliquent de nouveaux raisonnements dont la dimension systémique est la grande novation. L’action directe sur la culture d’un ensemble humain comme l’entreprise n’est plus de mise. L’effort doit, désormais, porter sur la quête d’un mode d’apprentissage permettant aux hommes d’être, individuellement et collectivement, plus libres d’imaginer et de prendre des initiatives, et aux responsables de les guider.

 

 

2) L’ENTREPRISE CONCERNÉE PAR LA DIFFUSION DE SA « CSTI »…..

 

Dans ce colloque dont ce texte rapporte les principales réflexions, le mot « culture humaniste » n’a pas été prononcé, en tous cas pas par les hommes de terrain. Par contre le propos étaient tous émaillés de mots tels qu’échanges, écoute, initiatives, compétences individuelles et collectives, coopération, qui témoignent bien qu’une « culture humaniste » sous-jacente sert de référant non-dit..

 

 

… CONCERNÉE EN TANT QUE SOURCE DE PROGRÈS QU’ELLE JUSTIFIE PAR SA FINALITÉ ÉCONOMIQUE….

 

…. d’où l’importance de sa contribution à la diffusion d’une certaine forme de CSTI vers les jeunes, pour préparer le recrutement des futurs acteurs du progrès, trop marqués, dans leurs études, par l’approche unidimensionnelle des connaissances qui leur sont dispensées, l’une après et à coté de l’autre, sans vision globale, encore moins systémique, de leur mise en pratique. Il est certain que les classes organisées à la Cite des Sciences et de l’Industrie contribuent à ouvrir les esprits des jeunes à cette autre dimension de la connaissance. De même certaines écoles de » Commerce » préparent leurs étudiants « non scientifiques », via l’apprentissage des concepts et démarches du Management des Ressources Technologiques » par exemple, à dialoguer, un jour, de façon efficace et innovatrice, avec leurs collègues chercheurs et ingénieurs.

 

…. POUR RENFORCER, DIFFUSER ET FAIRE PARTAGER, EN SON SEIN, UNE SOLIDE CULTURE SCIENTIFIQUE, TECHNIQUE, INDUSTRIELLE.

 

- d’une part pour enrichir le patrimoine de ressources technologiques dont elles disposent et auxquelles elle peut accéder, et pour renforcer les capacités innovatrices, individuelles et collectives

 

- d’autre part pour aider chacun à s’adapter aux changements technologiques. Car face à la complexité croissante de l’environnement scientifique et technique, culturels et sociétaux, l’entreprise est sans cesse condamner à intégrer des données et des savoirs nouveaux, parfois hors de ses champs hérités de son passé .

 

Une obligation absolue qui procède de l’intérèt bien compris de l’entrepreneur, comme le souligne un responsable syndical ; un salarié informé est toujours mieux impliqué ; au surplus les emplois font de plus en plus appel à l’intelligence. L’intelligence, un risque à prendre et une forte demande qu’il faut écouter

 

Ce faisant, souligne ce même syndicaliste, en intégrant la dimension technologique dans le champ du débat social, on provoque un certain glissement des préoccupations du salarié, préoccupations qui peuvent désormais se distancier des revendications qui, faute de « culture », ne peuvent s’exprimer que sous des formes trop simples, en fait mal adaptées.

 

A cette époque, en dehors de la formation, parmi les moyens préconisés pour serrer au plus près les réalités de l’entreprise, le « Bilan Technique », un support organisé pour un débat, au sein de l’entreprise, entre les partenaires sociaux.

 

….. PAR LA CSTI DE SES FOURNISSEURS,

 

Ceci doit se traduire par le développement d’un véritable « partenariat technologique » comme l’a toujours pratiqué une entreprise comme G.A.Dassault : ainsi les deux partenaires partagent entre eux une large communauté culturelle, augmentant de ce fait leurs capacités d’innovation et de compétitivité que ne permet pas les relations fondées sur des rapport de force s’exerçant sur les facteurs quantitatifs (prix,

 

….. PAR LA CSTI CHEZ LES CONSOMMATEURS POTENTIELS DE SES PRODUITS FUTURS.

 

…produits qui seront les fruits des possibilités actuelles des sciences, techniques , technologies, ignorées par des consommateurs incapables donc d’en exprimer le besoin, mais susceptibles, un jour de résister, le moment venu, aux chan,gements qu’ils imposeront. Contribuer à développer la CSTI des consommateurs futurs est, ,pour l’entreprise, un gage de réussite dans l’ouverture de ses marchés de demain.

 

 

….. PAR LE BESOIN D’AFFIRMER AVEC FORCE SON INDENTITÉ.

 

Les entreprises ont aujourd’hui conscience que leur politique de communication ne peut plus se limiter aux champs commercial et financier, qu’elle doivent mieux affirmer leur identité par l’expression publique de leurs capacités technologiques, et aussi de leur légitimité citoyenne ( En 2010, on ajouterait, de leur volonté de souscrire à une politique de développement durable).

 

Mais, attention, - à la différence de l’information- , dans la communication domine plus l’effet recherché que véritablement le contenu. D’où, plusieurs interrogations relatives à

 

- la place réelle du fait scientifique, technique et technologique dans l’identité de l’entreprise. Est-il l’expression d’une image ou d’une réalité ? Constitue-t-il, au sein de l’entreprise, une véritable valeur de mobilisation, des jeunes, des capacités et des libertés créatrices,…. L’image ne doit pas précéder la réalité, et la réalité n’est pas en elle-même suffisante si on est pas en mesure de la dire.

 

- la place actuelle dans le discours publique, institutionnel, de l’entreprise et non pas seulement dans le discours sur ses produits.