NP4- NOUVEAU CONTRAT SOCIAL ET ETHIQUE

NP4-UN NOUVEAU CONTRAT SOCIAL

VECTEUR DE COHÉRENCE ENTRE EPANOUISSEMENTS INDIVIDUELS ET DÉVELOPPEMENT COLLECTIF 

par J.MORIN (1991)

 

Au regard de sa fonction sociale, l’entreprise du XXI ème siècle est donc , selon la « Réflexion générale »  proposée , une entreprise où

— la ressource humaine organisée en réseaux intelligents est reconnue comme LA RESSOURCE RARE ;

— la valeur estimée de l’entreprise ne repose plus sur les seules structures et rentabilité de son patrimoine financier, ou sur son seul positionnement concurrentiel dans ses marchés actuels, mais aussi sur la composition, la solidité, les potentialités de son patrimoine de compétences, et sur sa capacité à en tirer le meilleur parti, le cas échéant par accès à de nouvelles ressources.

la prééminence de la fonction financière s’efface au profit d’un meilleur équilibre entre toutes les fonctions, en particulier sur la scène stratégique vers laquelle le management des ressources technologiques et des compétences entraîne le management des ressources humaines, et où le même poids est accordé aux critères de bonne gestion des ressources technologiques d’une part, des ressources humaines d’autre part ;

les stratégies d’entreprise ne se limitent plus aux stratégies d’inspiration mercatique, de réponse aux besoins du marchés existants ou en réaction aux initiatives de la concurrence actuelle, mais où, dans une vision d’une entreprise plus pérenne que celle de ses activités présentes, se développent des stratégies de valorisation des ressources technologiques et des compétences ainsi que d’offres créatrices dont l’inspiration trouve ses sources dans les promesses d’avenir des connaissances scientifiques et techniques nouvelles;

les organisations pyramidales, cloisonnées, autocentrées, font place à des organisations en réseaux qui sont largement ouverts sur l’extérieur, favorisent les échanges formels et informels, recherchent la confrontation avec l’univers des savoirs et les pressions qui en résultent, motivent leurs collaborateurs par la reconnaissance de leurs talents, bref font place à des organisations intelligentes, innovantes, entreprenantes.

En résultent une nouvelle dimension du contrat social et pour l’entreprise, un défi de nature.

 

A — UNE NOUVELLE DIMENSION DU CONTRAT SOCIAL

extrait de Réflexion générale : pour un nouveau mode de management

Une entreprise, qui a compris la nécessité stratégique de pratiquer avec détermination le Management de ses Ressources Technologiques, affirme et affiche, par là même, sa volonté de chercher à tirer le meilleur parti de son patrimoine de compétences.

La reconnaissance, dans l’entreprise, des capacités individuelles et collectives, actuelles et potentielles que ceci implique, et, par conséquent, la perspective accrue qui s’offre alors, à chacun, d’une meilleure valorisation des siennes propres, renforce l’adhésion de tous aux objectifs communs, et favorise les initiatives créatrices.

Si on considère que l’aspiration des individus à une meilleure reconnaissance de ses capacités, à une meilleure valorisation possible de celles-ci, est au moins aussi importante que leurs revendications pour de plus justes rémunérations, on peut en conclure que le contrat social qui lie ensemble l’individu et son entreprise, prend, alors une autre dimension.

Au contrat classique, d’inspiration Taylorienne, fondé sur l’échange salaire / temps de travail, contrat qui porte en lui des germes de conflit, comme l’a illustré un siècle et demi d’histoire des relations sociales, doit se substituer un contrat dans lequel cette composante, nécessairement présente, s’enrichit de cette dialectique, nouvelle, indispensable, valorisante pour chacun comme pour l’entreprise, entre intelligences individuelles et intelligence collective.

du contrat aux germes conflictuels :  SALAIRE  ⬅︎➡︎  TEMPS DE TRAVAIL

 à un contrat valorisant : INTELLIGENCE INDIVIDUELLE  ⬅︎➡︎  INTELLIGENCE COLLECTIVE

 

UNE BONNE  LECTURE :

LA PRATIQUE DU MANAGEMENT DU SAVOIR-FAIRE DE L’ENTREPRISE par Daniel Loubet - Editions de l’Organisation 1991 – Préface de J.M

 

B —  POUR L’ENTREPRISE, UN DÉFI DE NATURE ÉTHIQUE  

conférence Marseille 1991

L’entreprise ne peut plus, sans renier sa vocation profonde ni s’abstraire du champs des échanges d’information, de savoir, de technologies, ni négliger de valoriser toutes ses compétences.

En effet, la multiplication des échanges auxquels on assiste (via Internet notamment) a pour effet de bâtir un maillage serré entre tous ceux qui participent au progrès technique.
S’il est vrai que, selon Teilhard de Chardin, la loi de la complexification croissante préside à l’évolution du monde vivant, depuis la première cellule jusqu’à cet aboutissement étonnant qu’est le cerveau humain, alors on peut dire que cette loi continue à se vérifier avec le développement (explosif, depuis l’écriture de ce texte) des interconnexions, de plus en plus complexes elles aussi, qui se nouent entre les intelligences individuelles, les entreprises, les groupes humains de toutes sortes.

Sous nos regards, se constitue les bases d’une une véritable intelligence collective, grâce au progrès technique dont l’entreprise est à la fois l’alpha, en raison de son rôle moteur dans la recherche, l’innovation et la mise en oeuvre, et l’oméga, en raison de la valeur économique et sociale qu’elle confère à ce progrès.

Une entreprise qui resterait trop isolée des échanges d’informations, de savoirs et de technologies, qui négligerait par un repliement excessif sur elle-même, de participer à la poursuite de cette évolution, refuserait véritablement d’ÊTRE, et se condamnerait à disparaître comme d’autres espèces avant elle, et pour les mêmes raisons.

 

Mais, au regard de cette exigence fondamentale, une autre obligation d’ordre éthique attend celles d’entre elles qui s’ouvriront largement à de tels échanges.

En effet, l’évolution du monde vivant s’est toujours faite dans le respect des acquits des étapes précédentes, donc aussi de leurs potentialités. Dans la phase présente, le principal de ces acquits, réalité la plus achevée de l’évolution, est, sans nul doute, le système cérébral de l’homme et les potentialités d’intelligence qu’il recèle.

Or, grâce aux progrès des technologies de la communication, chacun peut, s’il le veut, et s’il y est préparé, accéder à l’intelligence des autres, accroître ainsi ses facultés dans des proportions peu imaginables, mettre en oeuvre donc, infiniment mieux que par le passé, ses pleines capacité d’intelligence et d’épanouissement.
C’est dire que, à son stade actuel, l’évolution renferme toujours, et peut-être plus que jamais, d’immenses potentialités: les valoriser c’est obéir à la loi fondamentale du respect de l’acquit.
Encore faut-il que, dans des lieux privilégiés de création et d’acquisition de savoir comme l’entreprise, où les hommes sont organisés pour innover et agir ensemble, chaque individu puisse, selon ses aspirations et ses facultés, accéder à cette intelligence collective où il puisera les matériaux qu’il jugera indispensable au plein exercice de son intelligence propre, donc à son développement personnel.

L’entreprise n’assurera pleinement sa vocation que si elle favorise cet accès, si elle a le souci, stratégique, de valoriser effectivement toutes les potentialités individuelles et collectives.

L’instauration d’un management des compétences et des potentialités, c’est-à-dire des « Ressources Technologiques », indissociable d’un management véritablement stratégique des « Ressources Humaines », contribue non seulement à une meilleure efficacité de l’entreprise, mais aussi à faire d’elle une véritable valeur de civilisation.

 

LECTURES

Ressources technologiques et management global de l’entreprise »

Réflexion générale

Gestion des capitaux et gestion des intelligence

Productivité de la Connaissance

Intelligence et Société

Le savoir supplante le capital